Deux ans après sa sortie médiatisée et un Goncourt manqué, une relecture de ce chef d’œuvre procure toujours autant de plaisir et force l’admiration devant la puissance évocatrice des mots violents et crus qui décrivent un monde vu comme hostile, situé à seulement quelques années de nous, dans un futur proche.
Daniel est un artiste à la notoriété grandissante qui vit de ses one man show, principalement, de ses apparitions télévisuelles, et de ses productions cinématographiques douteuses. Son humour grinçant est sa marque de fabrique; il rit de tout, et en particulier de ce qui pourrait choquer les esprits bien pensants dont il se moque: le conflit israélo-palestinien, les religions, les mœurs sociales... Il aime le sexe et l’argent, peut être l’un plus que l’autre, mais il sait que l’un conduit inexorablement à l’autre et que toute tentative de démonstration contraire serait pure hypocrisie. Il aimerait croire en l’Amour véritable, mais son manque de confiance envers la nature humaine qu’il dissocie à peine de celle de l’animal, le pousse à y renoncer, même si cette constatation lui est douloureuse. Malgré cela, il éprouvera des sentiments pour deux femmes qui n’auront en commun qu’une plastique de mannequin sur papier glacé: « Isabelle qui n’aimait pas suffisamment le sexe, et Esther - de vingt ans la cadette de Daniel - qui n’aimait pas suffisamment l’amour ».
Daniel est un artiste à la notoriété grandissante qui vit de ses one man show, principalement, de ses apparitions télévisuelles, et de ses productions cinématographiques douteuses. Son humour grinçant est sa marque de fabrique; il rit de tout, et en particulier de ce qui pourrait choquer les esprits bien pensants dont il se moque: le conflit israélo-palestinien, les religions, les mœurs sociales... Il aime le sexe et l’argent, peut être l’un plus que l’autre, mais il sait que l’un conduit inexorablement à l’autre et que toute tentative de démonstration contraire serait pure hypocrisie. Il aimerait croire en l’Amour véritable, mais son manque de confiance envers la nature humaine qu’il dissocie à peine de celle de l’animal, le pousse à y renoncer, même si cette constatation lui est douloureuse. Malgré cela, il éprouvera des sentiments pour deux femmes qui n’auront en commun qu’une plastique de mannequin sur papier glacé: « Isabelle qui n’aimait pas suffisamment le sexe, et Esther - de vingt ans la cadette de Daniel - qui n’aimait pas suffisamment l’amour ».
Cette notion de sentiment sera incomprise de Daniel 24, puis de Daniel 25, respectivement 24ème et 25ème générations de clones issus du « géniteur » originel, évoluant environ deux millénaires après lui et qui se livrent à une analyse exégétique du « récit de vie » de Daniel 1, afin de saisir rétrospectivement ce qui animait leurs ancêtres.
Cette distanciation opérée au travers du prisme des Daniel 24/25 est l’occasion d’une critique virulente de notre propre société, de notre propre individualité et de la condition humaine toute entière! Partageant le pessimisme de Schopenhauer dont il est l’un des plus fervent admirateur, Houellebecq frappe fort en développant des thèmes déjà présents dans ses précédents romans: le sexe, les relations homme-femme, la connerie humaine (pléonasme!) sous toutes ses manifestations… Il n’est pas inquiet quant à l’avenir de la société et de l’Homme en général, puisque cela impliquerait qu’il y ait une alternative en sa faveur, or cette alternative n’existe pas. L’Homme est sur la voie de son déclin car il comporte en lui-même les germes de sa propre disparition. La notion d’individu est devenue prépondérante; l ‘ego a pris le dessus, au point qu‘on ne se reproduit plus de manière charnelle mais par clonage, ce qui ouvre les portes d’une certaine forme d’immortalité.
L’environnement dans lequel il évolue est dépeint comme féroce.
Les références aux thèses darwiniennes sont d’ailleurs nombreuses dans le récit de Daniel 25 qui décrit les « sauvages », sorte d’humains primitifs, comme des animaux qui éliminent les plus faibles d’entre eux si la nature ne s’en est pas encore chargée. Les individus âgés et fragiles sont écartés dans cet univers déstructuré proche de l’état de nature décrit par Hobbes.
Loin de la littérature « prozac » dont on pourrait trop facilement le rapprocher, « La possibilité d’une île » fascine par son hyper réalisme.
Vénéré ailleurs, sujet à polémique en France où l’on s’attache à fustiger la forme sans prêter attention au fond qui servirait pourtant de substrat à bien des réflexions, Houellebecq dérange et n’en finit pas de faire parler de lui, indirectement ou non dans la mesure où la question du clonage humain reste encore taboue, alors que la science progresse à grands pas (Un laboratoire américain a d’ailleurs « mis au monde » ces jours-ci le premier clone de primate, génétiquement proche de l’Homme…).
Notons que Houellebecq vient d’achever la réalisation de « La possibilité d’une île » pour le cinéma, dont on reparlera sûrement lors de sa sortie en 2008.
Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, Fayard, 2005.
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