4 octobre 2007

Semper Augustus


C'est bien d'une affaire de tulipes dont il est question dans ce dernier roman d'Olivier Bleys, Semper Augustus. D'ailleurs, voilà là le nom d'une tulipe, plus exactement celui d'un bulbe de tulipe. Et pas n'importe laquelle, la plus rare. Et de toutes les contrées qui se prêteraient le mieux à une histoire de la sorte, la Hollande, ou plutôt à l'époque, les Provinces-Unies, figure en bonne place. Le décor est donc planté, Haarlem, les années 1630.

L'épisode historique qui sert de trame au roman est intéressant. La famille van Deruick, spécialisée dans le négoce d'étoffes, s'apprête à voir son chef de famille quitter la maison, pour des rivages aux cieux sans doute plus cléments, ceux du Brésil. La vie étant particulièrement dure à Haarlem, le père cherche à glaner fortune de l'autre côté de l'Atlantique. Aussitôt Wilhem, l'aîné prend en charge les trois autres enfants. Rapidement, il prend contact avec le richissime recteur Paulus van Bereysten, auprès duquel le père l'avait benoîtement recommandé.

La rencontre produit immédiatement ses effets. C'est que Paulus, entre autres activités, est négociant de tulipes. Et l'époque est particulièrement féconde à propos de cette espèce bien particulière de commerce, dans la mesure où une sérieuse fièvre spéculative s'est emparée de la sage Hollande. Les tulipes s'arrachent, au gré de folles ventes aux enchères. Le riche recteur initie patiemment l'aîné des Deruick aux arcanes de ce monde étrange et lui assure une position enviable. Deruick réussit, tout semble prospérer pour le mieux. La famille s'enrichit, au prix, toutefois, de dissensions criantes. Mais jusqu'à ce que les circonstances évoluent. C'est qu'en effet tout cela ne durera guère, les Deruick se frottant aux roides calculs du recteur. Et la chute, naturellement, sera rude.

Le mérite d'Olivier Bleys est grand. C'est celui de tirer une histoire honnête, rondement menée, d'un évènement historique assez méconnu, il faut bien en convenir. Et pourtant cette fièvre spéculative, cet engouement irrationnel pour le marché de la tulipe, tout cela n'est autre que l'Histoire. Ainsi, l'auteur, au terme d'une belle écriture, nous plonge avec aisance, dans ce monde aux allures quelque peu ésotériques. Le livre est bien documenté, rien ne semble approximatif. Assurément, c'est un livre d'enseignement, sans pour autant verser dans une érudition susceptible de desservir le propos.

Il reste que, bien sûr, le roman ne résiste pas à quelques lieux communs éculés, qu'on aurait peut-être aimé pouvoir éviter. Une belle leçon de morale s'en dégage. Peut être trop belle. Mais allons, tout est affaire de goût dira-t-on, et rien de bien grave toutefois. L'impression finale reste bien celle d'un ouvrage agréable et solide. A peine le livre refermé, on se prend d'une subite envie de fureter plus avant dans les méandres de cet épisode de l'histoire des Pays Bas. A cet égard, la pari est réussi.


Olivier BLEYS, Semper Augustus, Gallimard, 2007, 335 pages, 19,50 €

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