5 septembre 2007

Cartographie des Nuages



Surprenant. C'est le premier mot qui vous vient à la bouche quand on repose cette masse impressionnante de pages qu'est le dernier livre de David Mitchell. C'est que la construction n'est pas banale. Bien au contraire, elle est pyramidale. Assez difficile à se représenter, une telle construction, s'agissant d'un ouvrage. Pourtant c'est bien le tour de force que réussit "Cartographie des nuages". Cinq histoires s'étalent: la première au XVIIIe siècle, la seconde au début du XXe siècle, la troisième dans les années 1960, la quatrième de nos jours, la cinquième plus tard, et la dernière...encore plus tard. C'est donc une première ascendance chronologique. Puis l'on redescend, dans le sens exactement inverse, pour achever le roman (les romans?) avec la première histoire, celle du début. La pyramide est redescendue, la boucle bouclée. Ce qui relie le tout? Un élément de chacune des histoires renvoie à la précédente. Le tout s'imbrique, se reflète, c'est amusant.


L'exercice réalisé par David Mitchell ne s'arrête d'ailleurs pas là. Chacune des histoires obéit à une forme différente et c'est ainsi que l'on évolue du journal de bord au genre épistolaire, en passant par les inévitables mémoires. Il reste que s'agissant de la dernière histoire, l'histoire centrale, celle qui ne se reproduira donc pas, le style, certainement soigneusement choisi par l'auteur, porte un coup sérieux à l'ensemble de l'édifice. Vaine tentative de reproduire le langage parlé, la lecture en devient indigeste.


Quand au fond, le roman s'illustre par sa constance. Les histoires sont intéressantes, certaines assez captivantes et on avoue sans peine qu'on a presque plaisir à retrouver les personnages que l'on avait abruptement quitté, Timothy Cavendish, Adam Ewing, Luisa Rey ou encore Robert Frobisher. On sentirait presque les sons cristallins du sextuor, Cartographie des nuages, si magistralement écrit par ce dernier, dans la chambre d'un hôtel de Bruges.


A dire vrai, tout cela semble bien irréprochable. Pourtant, il manque quelque chose à cet ouvrage qui semble exceller à tous niveaux. Peut être un côté brouillon fait-il défaut. Tout semble trop parfait, trop lisse. Un bel effort, certes. Un trop bel effort, sûrement. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est un peu d'âme, un peu d'aspérité qu'il manque à ce roman. La prouesse du genre a certainement pris le dessus.


David Mitchell, Cartographie des nuages, Editions de l'Olivier, 2007, 658 pages, 23 €

Aucun commentaire: