C'est certainement une impression de puissance qui se dégage de ce magistral roman de John Irving. Puissance. Puissance des mots, puissance des personnages, puissance des situations. De la première à la dernière page, loin d'ailleurs, l'on est happé par l'ensemble, habité, comme noyé dans ce festival joyeux, mais pourtant tellement triste.
L'oeuvre de Dieu, la part du diable, c'est d'abord le roman de Saint Cloud's. Dans cet orphelinat du Maine - le contraire eut été étonnant -, son directeur, le docteur Wilbur Larch, aficionado de la drogue à l'éther, officie étrangement, du moins pour l'époque. L'oeuvre de Dieu, d'abord. Wilbur procède bien naturellement à des accouchements, pour toutes ces femmes que la vie n'a guère gâtées, et que les circonstances ont contraint à abandonner leurs enfants. La part du diable, ensuite. Parce que Wilbur Larch se livre également au versant de l'acte précédent. Dans un monde où l'avortement n'est pas légalisé, il en pratique cependant. Sans demander, naturellement, la moindre rémunération, si ce n'est, le cas échéant, une donation pour l'orphelinat. Larch fournit toute l'aide qu'il peut à ces femmes désespérées, et y procède dans des conditions bien meilleures qu'au sein de la floraison de centres clandestins de l'époque et dont la fréquentation pouvait conduire à des suites parfois dramatiques. D'ailleurs, pour Wilbur, c'est un peu tout ça, l'oeuvre de Dieu. Et étant donné qu'il en fallait bien une, éveillé, non éveillé, c'est là la ligne de partage du Docteur Larch.
Vint Homer Wells, un orphelin. Larch se prend d'affection pour lui, une affection toute paternelle. Il le forme, lui enseigne les rudiments de la médecine, à pratiquer des avortements et accouchements, le prédestinant ainsi à prendre, le jour venu, sa relève. Mais le chemin d'Homer prendra un tour différent, à la rencontre de Wally et de Candy, contrecarrant quelque peu les plans du directeur de l'orphelinat.
L'oeuvre de Dieu, la part du diable, c'est donc cela. Wilbur Larch et Homer Wells. Mais aussi Melony, Curly Day ou Fuzzy Stone, Nurse Edna et d'autres. Toute une galerie de personnages atypiques et marginaux, si généreux, les uns aux destins tragique, les autres au destin plus heureux. Avec en toile de fond, toujours, l'orphelinat de Saint Cloud's, l'aboutissement de tout, le point focal des éternels questionnements.
Le roman de John Irving est une fresque essentielle, majeure, "dickinsonnienne" a-t'on dit, de la littérature américaine contemporaine. Roman engagé, roman passionné, tellement actuel tant la controverse sur l'avortement est vive aux Etats-Unis, l'oeuvre de Dieu, la part du diable constitue l'une de ces pépites que l'on relit avec plaisir, toujours. Roman du temps, l'attente y paie. Comme souvent d'ailleurs. C'est un peu ça, le livre de John Irving. "Il faut attendre voir". Exceptionnel.
John IRVING, L'oeuvre de Dieu, la part du diable, Editions du Seuil, coll. "Points", 1995 (1986 pour l'édition originale), 724 pages, 9,50 €
L'oeuvre de Dieu, la part du diable, c'est d'abord le roman de Saint Cloud's. Dans cet orphelinat du Maine - le contraire eut été étonnant -, son directeur, le docteur Wilbur Larch, aficionado de la drogue à l'éther, officie étrangement, du moins pour l'époque. L'oeuvre de Dieu, d'abord. Wilbur procède bien naturellement à des accouchements, pour toutes ces femmes que la vie n'a guère gâtées, et que les circonstances ont contraint à abandonner leurs enfants. La part du diable, ensuite. Parce que Wilbur Larch se livre également au versant de l'acte précédent. Dans un monde où l'avortement n'est pas légalisé, il en pratique cependant. Sans demander, naturellement, la moindre rémunération, si ce n'est, le cas échéant, une donation pour l'orphelinat. Larch fournit toute l'aide qu'il peut à ces femmes désespérées, et y procède dans des conditions bien meilleures qu'au sein de la floraison de centres clandestins de l'époque et dont la fréquentation pouvait conduire à des suites parfois dramatiques. D'ailleurs, pour Wilbur, c'est un peu tout ça, l'oeuvre de Dieu. Et étant donné qu'il en fallait bien une, éveillé, non éveillé, c'est là la ligne de partage du Docteur Larch.
Vint Homer Wells, un orphelin. Larch se prend d'affection pour lui, une affection toute paternelle. Il le forme, lui enseigne les rudiments de la médecine, à pratiquer des avortements et accouchements, le prédestinant ainsi à prendre, le jour venu, sa relève. Mais le chemin d'Homer prendra un tour différent, à la rencontre de Wally et de Candy, contrecarrant quelque peu les plans du directeur de l'orphelinat.
L'oeuvre de Dieu, la part du diable, c'est donc cela. Wilbur Larch et Homer Wells. Mais aussi Melony, Curly Day ou Fuzzy Stone, Nurse Edna et d'autres. Toute une galerie de personnages atypiques et marginaux, si généreux, les uns aux destins tragique, les autres au destin plus heureux. Avec en toile de fond, toujours, l'orphelinat de Saint Cloud's, l'aboutissement de tout, le point focal des éternels questionnements.
Le roman de John Irving est une fresque essentielle, majeure, "dickinsonnienne" a-t'on dit, de la littérature américaine contemporaine. Roman engagé, roman passionné, tellement actuel tant la controverse sur l'avortement est vive aux Etats-Unis, l'oeuvre de Dieu, la part du diable constitue l'une de ces pépites que l'on relit avec plaisir, toujours. Roman du temps, l'attente y paie. Comme souvent d'ailleurs. C'est un peu ça, le livre de John Irving. "Il faut attendre voir". Exceptionnel.
John IRVING, L'oeuvre de Dieu, la part du diable, Editions du Seuil, coll. "Points", 1995 (1986 pour l'édition originale), 724 pages, 9,50 €
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