Cela fait partie, dit-on, de ces ouvrages qu'il faut lire. C'est l'un des incontournables de cette rentrée littéraire, toujours plus prolifique. Et comme pour les livres qu' "il faut lire", tous ces ouvrages pour lesquels ne pas s'adonner à la lecture nous ferait presque passer pour quelqu'un de démodé, force est de constater qu'on s'y met avec quelques réticences. C'est vrai que s'agissant de "L'aube, le soir ou la nuit", ce n'est certainement pas le fruit d'errements au gré des rayons de librairie qui nous y a conduit. Non, bien au contraire.
C'est que le sujet est d'actualité. Yasmina Reza, auteur de pièces de théâtre de renommée mondiale, s'est mis en tête d'accompagner Nicolas Sarkozy, tout au long de sa campagne électorale. Plus exactement de mai 2006, alors que l'actuel président de la République était encore ministre de l'Intérieur, à son accession à la magistrature suprême, un an après. Et des innombrables petits cahiers qu'elle a gribouillés, sous l'oeil bienveillant de l'entourage du candidat, Yasmina Reza en a tiré un livre, une sorte de chronique de campagne. Elle y relate les états d'âmes de Nicolas Sarkozy, les temps qu'elle estime fort de leur parcours commun.
Le résultat, assurément, n'est pas un livre politique ordinaire. Rien à voir avec la litanie qui fleurit en tête de gondole des librairies. Pas de révélations, peu de critiques acerbes, encore moins de détails autobiographiques. Pas de sentionnalisme, à tout le moins dans le contenu. C'est juste un journal, le récit de ce qu'elle a vu, de ce qu'elle a perçu. L'idée apparaît donc, de prime abord, sympathique. Sortir de ces livres politiques si attendus, si racoleurs, si compassés, cela n'a sûrement que du bon. Découvrir Nicolas Sarkozy sous la plume d'un écrivain, c'est intéressant.
Pourtant, on est déçu. Non qu'on s'attendait à un monument de littérature, bien sûr. L'ambition du livre n'était certainement pas celle là. Mais quand même. L'écriture apparaît terne, un peu monotone. Le tout n'est pas vraiment alerte. On lit, sans se prendre au jeu, en sentant le temps défiler. D'une idée à l'autre, d'un jour à l'autre, d'une pensée - parfois bien convenue - à l'autre, les pages se tournent, avec cette fâcheuse impression de lenteur.
Rien d'extraordinaire, donc. Rien d'excessif. Rien de ce que ce style d'ouvrage aurait pu pourtant laisser présager. Un exercice intéressant, sans plus. Ce qui est sûr, c'est que le résultat n'est pas à la hauteur du battage médiatique. Alors, oui, naturellement, "il faut le lire". A tout prix? Non.
Yasmina Reza, L'aube le soir ou la nuit, Editions Flammarion, 2007, 186 pages, 18 €
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