L'exposition Arcimboldo, que le Musée du Luxembourg a choisi de présenter en entrée de saison, est surprenante. Surprenante, parce qu'Arcimboldo l'est lui même. Et à dire vrai, tout le monde se souvient de ces portraits monstrueux, ces compositions étranges qui ne manquent pas d'attirer l'oeil et qui vont émailler le parcours du visiteur. Difficile toutefois d'y mettre un nom. C'est ce que précisément se propose de faire cette exposition érudite, soigneusement orchestrée. Sans doute la première, réellement monographique, depuis celle organisée par le Palazzo Grassi de Venise en 1987. Ainsi, pas moins de 40 huiles sur toile de cet artiste si longtemps oublié, ont été réunies.
Ce que rappelle d'abord la rétrospective, c'est qu'Arcimboldo est un Ancien. Plus exactement, c'est un homme du XVIe siècle. En déambulant dans les quatre salles dévolues à l'exposition, ce constat révèle toute son acuité. Moderne, original, iconoclaste, Arcimboldo l'était assurément.
L'exposition nous rappelle d'abord qu'il était un artiste de cour. Plutôt bien en vue d'ailleurs puisqu'il fut, par la suite, élevé au rang de comte palatin. Attaché au service de deux empereurs, Maximilien II, puis son fils, Rodolphe II, Arcimboldo réalisa une série de portraits conventionnels lors de son séjour à Vienne.
Vient ensuite ce grain de folie, qui restera indissolublement lié au personnage du peintre milanais, ces têtes composées. Affreuses, atroces, monstrueuses, elles ne laissent pas indifférent. Ces dernières, qui consistent à dresser un portrait au travers de la représentation d'objets eux-mêmes aisément identifiables, et suivant une thématique définie, sont particulièrement bien mises en valeur. Les prêts d'oeuvres ont été considérables. Les différentes versions de l'Eté, l'Hiver, l'Automne, le Printemps ou encore les Quatre saisons en une tête, tout semble y être. Y figurent également, les éléments.
Folie, modernité, l'exposition ne s'arrête pas là. Les commissaires, grand bien leur a pris d'ailleurs, tant le procédé paraît amusant, ont également choisi de mettre en valeur ces fameuses têtes réversibles. Il faut bien avouer qu'elles valent le coup d'oeil. Une glace située juste en deçà permet de se rendre compte qu'en réalité, retournés, ces tableaux représentent une tête d'homme. Enfin, il ne faut pas manquer les portraits anthropomorphes, où Arcimboldo intégrait des instruments spécifiques à la profession de ceux qu'il peignait.
Alors, évidemment, l'esthétique d'Arcimboldo ne correspond certes pas à celle qui est la nôtre aujourd'hui. Ces têtes composées, elles sont étranges, bien sûr. Elles accrochent, naturellement. Mais surtout, et on ne le répètera jamais assez, elles surprennent, en ce qu'elles sont l'exact reflet de cette modernité si inhérente à Arcimboldo. Il était du XVIe siècle, n'oublions pas. Ce tour de force, pour l'époque, cette impression de folie, toutefois maîtrisée, l'exposition du Musée du Luxembourg y rend un sérieux hommage. Sans nul doute, elle mérite le détour.
Arcimboldo, 1526-1593
Du 15 septembre 2007 au 13 janvier 2008
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard - 75006 PARIS
Mardi, Mercredi, Jeudi : 10h30 - 19h00
Lundi, Vendredi, Samedi: 10h30 - 22h00
Dimanche : 9h00 - 19h00
Plein tarif: 11 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire